Le vrai problème de la mesure de visibilité dans les campagnes digitales

Nov 4, 2024
5 minutes

“Votre campagne a été un succès : 12M d’impressions, 75% de visibilité.”
Et si cette phrase ne voulait finalement rien dire ? Dans le digital, tout est mesurable… mais encore faut-il bien comprendre ce qu’on mesure. Focus sur un indicateur clé : la visibilité.

Pourquoi la visibilité est (soi-disant) un bon KPI

Les annonceurs aiment la visibilité : c’est mesurable, standardisé, comparatif.
Et surtout : ça rassure.

Depuis plusieurs années, le marché se base sur une définition commune fournie par le MRC (Media Rating Council) :

  • Pour le display : une pub est considérée comme vue si au moins 50% de sa surface est affichée pendant au moins 1 seconde.

  • Pour la vidéo : même logique, mais avec 2 secondes minimum à 50% visible.

👉 Selon les derniers baromètres IAS, cela donne en moyenne :

  • 65% de visibilité en display,

  • 75% en vidéo​.

Mais en fait… ça veut dire quoi, "vue" ?

C’est là que le bât blesse.

Imaginons :

Vous diffusez une bannière 300x600. L’internaute ne voit que le haut de la bannière (50%), pendant 1 seconde, avant de scroller.

➡️ Officiellement, cette impression est vue.
➡️ En réalité : aucune chance que le message soit compris. Ni mémorisé.

Une norme minimum ≠ une norme satisfaisante

La norme MRC est un plancher technique, pas un standard qualitatif.

C’est un peu comme si on disait : “un spot TV est vu s’il est diffusé pendant 1 seconde, même sans le son.”

Exemple vécu :

Chez Havas, on utilisait l’outil Adledge pour mesurer la visibilité réelle. Quand je passais d’un critère MRC (50% / 1s) à un critère plus exigeant (100% / 2s), mon taux de visibilité passait de 60% à… 20%​.

Les dérives du reporting “positif”

À la fin d’une campagne, on veut rassurer le client :

  • “On est au-dessus de la moyenne France !”

  • “Le taux de visibilité est très bon !”

Mais que cache ce chiffre ?

  • Combien de pubs ont été vues en entier ?

  • Pendant combien de temps réel ?

  • Combien d’internautes ont vu le bon message, au bon moment ?

Poser ces questions, c’est accepter de remettre en cause certains résultats “flatteurs”.

Comment améliorer la mesure de visibilité

1. Changer les critères

Si j’étais annonceur, je demanderais à :

  • Payer uniquement pour des impressions affichées à 100% pendant au moins 3 secondes.

  • Exclure les impressions en-dessous de la ligne de flottaison.

📌 Oui, le CPM va monter.


📌 Oui, le volume va baisser.


✅ Mais la qualité réelle des vues va bondir.

2. Utiliser des outils d’ad verification avancés

Il existe des outils pour aller plus loin que la simple mesure MRC :

  • Adledge

  • IAS

  • MOAT

  • DoubleVerify

Objectif : intégrer ces outils dans les plans média, pas après.

3. Être transparent avec le client

Dans les bilans, il faudrait afficher :

  • Le taux de visibilité MRC (OK)

  • Le taux à 100% / 3s (plus exigeant)

  • Le taux de complétion réelle (sur la vidéo)

Et laisser le client choisir le critère qui lui semble pertinent selon son objectif (branding, conversion, réassurance…).

Et les vidéos dans tout ça ?

Les campagnes vidéo sont souvent pilotées au taux de complétion.
Mais là aussi, attention aux formats :

  • Les instream non skippables (YouTube, catch-up) ont de très bons taux de complétion.

  • Les outstream (in-read, autoplay sans son) sont beaucoup plus volatiles.

Recommandation :

Privilégier les formats instream non skippables pour les messages importants.
Et vérifier systématiquement le taux de visibilité réel, pas juste la lecture démarrée​.

En social ? C’est pire.

Sur Meta, TikTok ou X, les taux de visibilité sont très bas.

  • Les utilisateurs scrollent vite,

  • Le son est souvent coupé,

  • L’environnement est saturé.

Il est quasiment impossible d’obtenir une visibilité qualitative sans répétition forte.

Conseil :

En social, la seule arme contre l’oubli, c’est la répétition.

Plus que la visibilité brute, il faut viser la mémorisation par fréquence.

Ce que je recommande à mes clients

  1. Ajouter systématiquement un outil d’ad verification à leurs plans média.

  2. Choisir leurs propres critères de visibilité (et ne pas se contenter du MRC).

  3. Intégrer les exigences de visibilité dès le brief média (ex : emplacements visibles uniquement).

  4. Préférer des campagnes moins visibles, mais mieux vues.

Ce qu’on doit retenir (et assumer)

  • Le taux de visibilité est un indicateur de surface, pas de performance.

  • Le critère MRC est une norme plancher, pas une garantie de mémorisation.

  • Mieux vaut payer pour moins d’impressions, mais qui ont réellement un impact.

Tu veux savoir si tes campagnes sont vues… ou juste livrées ?
📩 On peut en parler, outil d’ad verification à l’appui.

Posts similaires
Nov
12
Comment j’ai structuré la stratégie d’acquisition B2B de GRDF pour accélérer la transition bio-méthane

Convaincre un agriculteur ou une collectivité d’investir dans la méthanisation, ce n’est pas une affaire de clics. C’est un travail de conviction, de pédagogie… et de ciblage ultra précis. Voici comment j’ai conçu une stratégie marketing multi-leviers pour GRDF, Direction Biométhane.

Nicolas Vasquez

Consultant en media et acquisition digitale depuis plus de 10 ans, j'écris chaque semaine un article qui répond à une question posée par un de mes clients.