Comment j’ai conçu la stratégie AMEX 2022 : entre ambition, contraintes budgétaires et efficacité marketing

Jan 16, 2025
11 minutes

Début 2022, American Express France m’a confié une mission : redéfinir sa stratégie média pour l’année. Objectif ? Multiplier les conversions (+60% par rapport à 2021), tout en travaillant avec un budget réduit de 16%. Un défi aussi stimulant que complexe.

Le brief : viser plus haut, avec moins

Dans le monde des cartes premium, AMEX ne cherche pas à ratisser large. Elle s’adresse à des profils exigeants, avec un niveau de revenus élevé, souvent déjà bancarisés ailleurs, peu enclins à multiplier les moyens de paiement. Le challenge était double : élargir la base de prospects qualifiés tout en baissant les coûts d’acquisition par carte (CAC).

👉 Concrètement :

  • Objectif : 65 000 cartes distribuées (25K Cobrand, 28.8K Gold PRY, 11.2K Platinum PRY).

  • Budget total : 6,5 M€ (-16% vs 2021).

  • CAC cible : entre 71€ et 132€, soit jusqu’à 4 fois moins que les performances 2021.

Étape 1 : Retour d’expérience 2021 et changement de paradigme

Première étape : un audit complet des activations 2021. Et une conviction forte en est ressortie : la performance ne se joue pas levier par levier, mais dans l’orchestration globale. Le Search (paid & organique) concentre les conversions, mais il est largement dopé par les investissements display, social ou vidéo.

🧠 Insight central :

“Le succès du Paid Search dépend directement de l’amont média. Couper les leviers dits ‘de notoriété’ revient à saboter sa conversion.”

J’ai donc proposé une stratégie intégrée, en rupture avec la logique “last-click” souvent dominante.

Étape 2 : Optimiser chaque euro investi

Avec 2,2 M€ de budget en moins, la priorité a été la suivante : réduire la déperdition média. Cela a impliqué une refonte complète des ciblages.

Exemple : Pour les cartes Gold PRY, exit le mass market. On a ciblé :

  • Des profils 35–64 ans,

  • Résidant dans les grandes agglomérations,

  • Achetant régulièrement en ligne,

  • Sensibles aux programmes de cashback.

J’ai fait le choix d’intégrer des critères comportementaux + sociodémographiques + d’intention d’achat. Ce triptyque a permis d’augmenter drastiquement la précision des campagnes et de limiter la pression publicitaire inutile.

Étape 3 : Clarifier les messages, carte par carte

Une autre faiblesse identifiée en 2021 : la confusion dans les bénéfices mis en avant. Trop de messages, pas assez lisibles, mal hiérarchisés. J’ai donc travaillé carte par carte une structuration simple autour de 1 offre de bienvenue + 1 bénéfice clé :

  • AF GOLD : 15 000 Miles + 50€ Air France → bénéfice : pay with miles.

  • GOLD PRY : 1ère année gratuite + 80€ de cashback → bénéfice : remboursements partenaires.

  • PLATINUM PRY : 150€ offerts → bénéfice : conciergerie 24/7.

Résultat ? Des assets plus clairs, mieux compris, et une performance créative qui s’est envolée sur le Q2.

Étape 4 : Activer avec précision

Pour la diffusion, j’ai structuré le plan média autour de deux axes :

1. Le “fil rouge” : conversions régulières toute l’année

  • Affiliation rémunérée au CPL,

  • Programmatique ciblée sur les segments chauds,

  • Retargeting et stratégie Search renforcée.

Objectif : maintenir un socle constant de conversions, à CAC maîtrisé.

2. Les “temps forts” : booster la considération

  • Lancement dès mars (pas d’attente de la rentrée),

  • Formats premium (vidéos + social avec ambassadeurs),

  • Tests créatifs multi-leviers et mesure en Brand Lift.

Cette double mécanique a permis d’allier construction de marque et performance, sans sacrifier l’un pour l’autre.

Résultat : une stratégie pensée comme un produit

Je conçois chaque stratégie média comme un produit à part entière :

  • Elle répond à un besoin client réel,

  • Elle est itérative et mesurable,

  • Elle s’adapte aux contraintes de marché et aux signaux faibles.

Pour AMEX, cela signifiait sortir d’une vision trop silo-isée, repenser la synergie Search/Display/Social, et structurer la mesure en continu (test & learn permanent).

Ce que j’en retiens (et ce que tu peux en retenir)

  1. La performance est systémique : ce n’est pas un levier ou un budget, mais l’alignement de toutes les briques.

  2. Le message est aussi important que le média : la clarté créative est un levier de CAC aussi puissant qu’un ciblage précis.

  3. Le “less is more” s’applique aussi au marketing : mieux vaut 3 bénéfices bien compris que 10 qui se diluent.

  4. Ce qui n’est pas mesuré n’existe pas : une stratégie sans outil de mesure solide, c’est du pilotage à vue.

C’est cette approche que j’applique aujourd’hui à mes clients B2C et B2B : des stratégies d’acquisition sur-mesure, pensées pour durer et performer.

Tu veux faire la même chose pour ta marque ou ton produit ? On en parle quand tu veux.

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Nicolas Vasquez

Consultant en media et acquisition digitale depuis plus de 10 ans, j'écris chaque semaine un article qui répond à une question posée par un de mes clients.